Fruits d'une érudite investigation menée par Katarina Livljanić : prières (tirées du Livre de Radosav), incantations (Glava Hr'stova), excommunications (Koli že krešten ne budet), exorcismes (Zaklinam tebe, prinecisti dusce), méditations scénarisent un programme articulé selon une polarité individuelle vie/mort, et plus largement création/destruction. L'itinéraire se structure aussi par des déclamations tirées des sépultures, à la façon d'un choeur antique, nous apprend le livret : une âpre polyphonie dans le style ganga, strié de chromatisme et de microtonalité. (…) Face au quasi-silence des sources quant à la dimension musicale, ces évocations se sont fondées sur les pratiques vocales qui survivent dans l'oralité. Un laboratoire d'où le paganisme n'est pas absent du creuset, et où la spiritualité s'imprègne des vestiges traditionnels.
La variété des sons et des effets sonores (la spatialisation en écho de Bože, davno ti sam legao) concourt à nous plonger dans ce champ de mystères et de symbôles autour des primitives questions existentielles, émanées du terreau balkanique et de sa complexe mais néanmoins fertile dynamique religieuse.
Christophe Steyne, Crescendo, décembre 2024 (Belgique)
Lire la suite...
La chanteuse, musicologue, et actrice Katarina Livljanić a créé un programme que l'on regarde, écoute et suit avec le souffle suspendu... Le drame antique d'Hécube n'est pas une histoire imprévisible, mais la manière dont la musique et le texte sont unis dans ce projet l'est. Le résultat dramaturgique est brillant...
La voix magnifique de Katarina Livljanić nous séduit toujours de nouveau, non seulement par sa couleur et son intonation brillante, mais également par la clarté de sa diction et par son interprétation, focalisée sur l'éventail des émotions d'Hécube dans chaque moment du spectacle. La force émotionnelle de son interprétation montre à quel point elle a pénétré le personnage qu'elle interprète.
Une place soliste très importante dans ce projet est celle du ténor Francisco Mañalich qui s'accompagne également à la viole. D'une voix chaude, stylistiquement parfaite, il a interprété tous ses rôles. Il était particulièrement impressionnant d'écouter Katarina Livljanić et Francisco Mañalich, accompagnés ou a cappella, chantant en duo les pièces polyphoniques.
Les musiciens fidèles de Dialogos, Norbert Rodenkirchen (flûtes, dvojnice) et Albrecht Maurer (vielle, lijerica), ont accompagné les chanteurs, sans hésiter d'explorer parfois des techniques de jeu plus contemporaines, pour souligner, comme dans un film, les émotions d'Hécube.
L'ensemble vocal Kantaduri, dirigé par Joško Ćaleta, a donné une interprétation impressionnante des mélodies traditionnelles, jouant le rôle du choeur des tragédies antiques.
Katarina Livljanić et Dialogos ont offert au public un spectacle du plus haut niveau, que nous n'avons pas souvent l'occasion de voir, ni sur la grande scène du Théâtre National de Croatie, ni ailleurs. L'espace intime de leur spectacle a fait pénétrer le public dans le monde intérieur de la reine Hécube, brillamment interprétée par la créatrice de ce projet.
(Dario Poljak, Glazba.hr, mai 2023)
Lire la suite...